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La musique, les massages et les techniques de relaxation réduisent le stress des patients en soins intensifs.
Le stress extrême diminue les chances de survie des personnes hospitalisées en soins intensifs et rend celles qui survivent plus vulnérables face aux complications physiques et mentales. À l'heure actuelle, peu de traitements sont proposés pour remédier à cette situation.
La musique, les massages et la relaxation peuvent contribuer à atténuer le stress extrême des patients gravement malades dans les unités de soins intensifs. Cela pourrait améliorer leurs chances de survie et réduire les complications à long terme, selon une chercheuse en soins infirmiers de l'Université de l'Alberta qui teste ces techniques thérapeutiques auprès de patients à Edmonton. (Photo : Getty Images)
Le stress psychologique extrême que subissent les patients dans les unités de soins intensifs est connu pour être presque aussi mortel que la blessure ou la maladie qui les y a amenés. Pourtant, jusqu'à présent, il n'existait pas de lignes directrices officielles pour son traitement.
Sous la direction d'Elisavet Papathanasoglou, professeur à la Faculté des sciences infirmières, une équipe de chercheurs de l'Université de l'Alberta (Canada) teste actuellement des techniques de relaxation, des massages et de la musicothérapie pour les patients des unités de soins intensifs dans l'espoir de favoriser leur rétablissement et de réduire les problèmes de santé physique et mentale après leur sortie de l'hôpital. "Il est généralement admis que les patients gravement malades subissent des niveaux de stress extrêmement élevés, mais nous n'évaluons pas actuellement ce niveau de stress et nous ne mettons rien en œuvre pour l'atténuer", déclare Mme Papathanasoglou.
"Nous nous concentrons sur la survie. Nous avons fait des progrès considérables dans l'amélioration du taux de survie des patients, mais en même temps, leurs perspectives à plus long terme se détériorent".
On sait que le stress psychologique exacerbe les symptômes physiques des patients en soins intensifs. Il provoque une immunosuppression et des changements métaboliques, augmente la sensibilité à la douleur et modifie les niveaux d'hormones et de neurotransmetteurs dans le cerveau, ce qui entraîne un délire.
"Le stress psychologique nuit à l'état physiologique de ces patients et diminue leurs chances de guérison et de survie", explique Mme Papathanasoglou.
Un cauchemar sans fin
Les patients sont souvent mis sous sédatifs pendant leur séjour aux soins intensifs pour faciliter leur traitement. Seulement, ce calme extérieur n'élimine pas leur stress.
"Même s'ils semblent dormir, l'expérience stressante est intégrée dans leurs rêves et ils font des cauchemars extrêmes, ce qui contribue à leur syndrome de stress
post-traumatique", explique Mme Papathanasoglou. Après leur sortie d'une unité de soins intensifs, 70 % des patients souffrent de problèmes de santé mentale invalidants,
notamment de stress post-traumatique, d'anxiété et de dépression. Un phénomène connu sous le nom de syndrome post-soins intensifs et qui comprend une faiblesse physique, des changements cognitifs et de graves problèmes de santé mentale.
"Cette situation peut durer des années, portant atteinte à la qualité de vie des patients", explique Mme Papathanasoglou. "Leurs chances de réadaptation sont moindres, leur
famille est mise à l'épreuve et les coûts pour le système de santé s'alourdissent".
Dans le cadre de l'essai clinique, les patients de l'unité de soins intensifs du Misericordia Community Hospital d'Edmonton reçoivent un traitement de cinq jours maximum, comprenant l'écoute d'enregistrements de relaxation pendant 40 minutes, suivie d'un massage léger de 15 minutes. Certains patients écoutent également une sonate pour piano de Mozart pendant 15 minutes.
Des bienfaits prometteurs pour les patients et le personnel
Les recherches antérieures de Mme Papathanasoglou et les études connexes montrent que la musicothérapie possède un effet neurobiologique susceptible d'aider les personnes atteintes du syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Elle diminue l'activité de l'amygdale (la partie du cerveau qui contrôle les émotions), elle améliore le
fonctionnement d'autres parties du cerveau liées à la pensée et elle équilibre les glandes qui régulent le métabolisme, la réponse immunitaire ainsi que le système nerveux autonome.
L'équipe de recherche évalue les biomarqueurs de l'inflammation et du stress, les signes vitaux et la variabilité du rythme cardiaque des patients, avant et après la séance de relaxation. Les patients capables de communiquer sont interrogés sur leur niveau de douleur, leur expérience du stress et la qualité de leur sommeil. L'objectif principal des chercheurs est de réduire le délire, également connu sous le nom de "psychose des soins intensifs". Ce phénomène est en augmentation chez les patients, quels que soient leurs antécédents en matière de santé mentale, bien que la cause de cette augmentation ne soit pas connue.
Il est trop tôt dans l'étude pour observer une évolution du délire, étant donné que les résultats des tests physiques ne sont pas divulgués tant que ceux-ci ne sont pas terminés. Mme Papathanasoglou indique cependant que les patients déclarent ressentir moins de douleur après le traitement. Cela correspond aux résultats d'une étude pilote antérieure du protocole de traitement.
"Avant la séance de relaxation, les patients pouvaient indiquer une moyenne de sept ou huit pour la douleur ; après la séance, cette moyenne est passée à deux ou trois", explique-t-elle. "C'est énorme pour le patient."
Selon Mme Papathanasoglou, un autre résultat très clair du traitement est que les personnes qui l'administrent se sentent également plus détendues dans leur travail.
Créer une nouvelle norme de soins
La prochaine étape de la recherche de Mme Papathanasoglou consistera à réunir des cliniciens et des survivants de l'unité de soins intensifs. Leur but sera de formuler des recommandations de pratique clinique portant sur l'évaluation et la gestion du stress dans l'unité. Dans le cadre de groupes de discussion avec des patients, elle prévoit de leur demander quels sont les comportements qui atténuent leur stress en soins intensifs et ceux qui l'aggravent, puis de travailler ensemble à l'élaboration de lignes directrices réalisables.
"J'ai l'impression qu'en tant qu'infirmières et infirmiers, nous sommes conscients du stress des patients. Cependant, la nature intensive des soins ainsi que la pénurie de personnel, créent un contexte qui ne nous permet pas toujours de faire quelque chose pour soulager les patients. Pourtant, cela aurait dû être fait depuis longtemps.", déclare-t-elle.
Le projet de recherche de Mme Papathanasoglou est financé par les Instituts de recherche en santé du Canada et Alberta Innovates.
Elisavet Papathanasoglou est directrice scientifique du Neurosciences, Rehabilitation & Vision Strategic Clinical Network pour Alberta Health Services et membre du Women
and Children's Health Research Institute.